Le présent livre dépasse l’interminable débat sur l’antisémitisme et l’antisionisme, et lui donne de nouvelles et stimulantes dimensions. Il remonte aux débuts de l’histoire de la judéophobie, et remet en cause l’idée selon laquelle le christianisme se serait édifié après et en opposition au judaïsme. Au contraire, estime-t-il, et malgré le présupposé chronologique, c’est bien le judaïsme qui s’est constitué sous la pression du christianisme, s’accommodant du même coup des termes du procès que lui ont fait, des siècles durant, ses ennemis.
Ce renversement est riche de bénéfices intellectuels et politiques. Il rend caduque la mauvaise querelle assimilant l’antisionisme à l’antisémitisme (celle-là même qui fut relancée par Emmanuel Macron), et nourrit des questionnements parfaitement contemporains : « Jusqu’à quel point, écrit Shlomo Sand, le sionisme, né comme une réponse de détresse à la judéophobie moderne, n’en a-t-il pas été le miroir ? Dans quelle mesure, par un processus dialectique complexe, le sionisme a-t-il hérité des fondements idéologiques qui ont, de tout temps, caractérisé les persécuteurs des juifs ? »
Un essai brillant et brûlant.
Professeur émérite à l’université de Tel-Aviv, Shlomo Sand est l’auteur de nombreux livres, parmi lesquels Comment le peuple juif fut inventé (Fayard, 2008), qui a suscité des nombreuses controverses, où il questionne durement la construction mémorielle de l’État d’Israël. Il a récemment publié au Seuil son premier roman, La Mort du Khazar rouge, désormais en Points.
Traduit de l’hébreu par Michel Bilis
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